Liberté, Égalité, Informés

Aujourd’hui, Reporters Sans Frontières et le collectif “Informer n’est pas un délit” organisent une journée de mobilisation pour défendre la liberté de l’information en France.

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Cette « journée nationale pour la liberté de l’information », propose à chaque citoyen d’interpeller les candidats sur leur engagement pour la liberté de l’information, en utilisant le hashtag #LibertéEgalitéInformés sur les réseaux sociaux et en signant la pétition en ligne sur rsf.org.

Plusieurs médias soutiennent l’initiative et publient aujourd’hui des articles, des tribunes, des interviews, des enquêtes ou des débats sur le thème de la liberté de l’information :

l’Accent BourguignonAngersMagArtsHebdo, artsixMicBastamagCausetteCfactuel, DailyNord, Econostrum, ExpliciteFactuel.info, France Inter (Le 7-9, L’instant M, Nicole Ferroni), L’Humanité, Le Journal MinimalLes JoursMade in Perpignan, Marsactu, MédiacitésMediapart, PolitisReporterre, Streetpress, La Tribune-Acteurs de l’économieTélérama, XXILe Zéphyr.

 

Liberté, Égalité, Informés : la tribune

Par Reporters sans frontières (RSF) et le collectif « Informer n’est pas un délit »

Le chômage ? La dette publique ? La santé ? L’environnement ? L’école ? La corruption ? L’évasion fiscale ? L’Europe ? La guerre en Syrie ? Aucun de ces sujets, que la conversation publique française saisit avec plus ou moins d’intensité à la faveur de l’élection présidentielle, n’aurait de sens sans une information digne de confiance, c’est-à-dire sans une information libre et indépendante.

Problème : en 2017, la liberté d’informer, sans laquelle les démocraties ne sont que des promesses aveugles, gît une fois encore dans l’angle mort des urgences de la plupart des candidats. Cette liberté n’est pourtant pas le privilège d’une corporation, mais elle est au fondement du droit des sociétés à savoir. En un mot, c’est de vous qu’il est question. Vous qui lisez ce texte. Vous qui êtes appelés les 23 avril et 7 mai prochains à voter — ou pas. Vous qui, de gauche, de droite, du centre, d’ailleurs ou de nulle part, êtes au moment de la convocation aux urnes des citoyens dotés de convictions (ou pas), qui doivent dans tous les cas être instruits par des faits.

La liberté d’opinion et la liberté d’informer sont des notions distinctes. La première est la liberté donnée à chacun, donc à n’importe qui dans une démocratie, de pouvoir donner sans risque son point de vue, à condition, cela va sans dire, que celui-ci n’enfreigne pas quelques lois élémentaires sur la haine de l’autre. La liberté d’informer n’est pas plus importante mais elle est tout aussi vitale. Elle est l’audace d’un pays qui, par ses lois et son écosystème institutionnel, politique et culturel, laisse prospérer en son sein les agents d’intranquillité que sont les journalistes. Ces emmerdeurs qui portent à la connaissance du plus grand nombre ce qu’on ne se savait pas avant de le lire, l’écouter ou le voir.

L’information est un contre-pouvoir. Voter sans savoir ne sert à rien ; cela est connu depuis des lustres. Ecoutons le député Victor Hugo prévenir ses concitoyens à la tribune de l’Assemblée constituante, en 1848 : « Le principe de la liberté de la presse n’est pas moins essentiel, n’est pas moins sacré que le principe du suffrage universel. Ce sont les deux côtés du même fait. Ces deux principes s’appellent et se complètent réciproquement. La liberté de la presse à côté du suffrage universel, c’est la pensée de tous éclairant le gouvernement de tous. Attenter à l’une, c’est attenter à l’autre. ».

Près de 170 ans plus tard, la cote d’alerte est de nouveau atteinte et, au thermomètre des démocraties, il y a désormais de quoi s’inquiéter. A l’heure de la “post-vérité”, qui veut que ce ne soient plus les faits qui font les opinions mais les opinions qui fabriquent du faux ; à l’heure où les attaques contre le journalisme sont devenues de tristes investissements électoraux chez de nombreux responsables politiques ; à l’heure où la concentration des médias a atteint en France un niveau historique, bref, à l’heure qu’il est, il fait sombre. Nous ne pouvons nous y résoudre.

Que l’immense majorité de la production d’information en France (hors service public) soit aujourd’hui entre les mains de huit milliardaires financiers ou capitaines d’industrie dont le cœur d’activité est de vendre des armes, de la téléphonie, du BTP ou faire la banque, n’est pas une bonne nouvelle — a fortiori quand le chiffre d’affaires de certains dépend des bonnes relations avec les gouvernements en place ou, parfois, avec des dictatures étrangères. Après guerre, la presse française, qui avait sombré pour partie dans la collaboration et la corruption, s’était reconstruite sur les ambitions du Conseil national de la Résistance (CNR) qui invitait à « rétablir la liberté de la presse, son honneur, et son indépendance vis-à-vis des puissances financières ». Ce temps est révolu. Il faut en prendre acte et agir.

Que le secret des sources, c’est-à-dire la protection des citoyens quand ils décident d’alerter la presse sur des informations d’intérêt public, soit si peu protégé par la loi n’est pas une bonne nouvelle.

Que l’accès aux documents administratifs, qui appartiennent aux citoyens parce que leur contenu relève de l’intérêt général, soit à ce point inopérant en France, contrairement à ce qui existe dans d’autres pays (en Angleterre ou aux Etats-Unis), n’est pas une bonne nouvelle.

Que le journaliste soit régulièrement désigné par de hautes personnalités comme l’ennemi public n°1 n’est pas plus une bonne nouvelle. Non pas que la critique des médias ne soit pas aussi importante que le journalisme lui-même, mais elle doit reposer sur des faits et non pas relever des tactiques populistes qui salissent le débat public.

Ce n’est pas une bonne nouvelle, certes pour les journalistes, mais surtout pour vous, vous et vous. D’où qu’elle provienne, d’un média privé ou du service public, une information, quand elle relève de l’intérêt général et qu’elle est vérifiée, est un bien public. Elle appartient à tous. Comme une rue. Seulement voilà, la chaussée se rétrécit. Résultat : l’information est menacée d’uniformisation massive, le pluralisme est attaqué.

Voici pourquoi, ce mercredi 5 avril, le collectif « Informer n’est pas un délit » et Reporters sans frontières (RSF) organisent une journée de mobilisation pour défendre la liberté de l’information en France. A quelques jours du scrutin présidentiel, alors que les violences contre les journalistes et les atteintes à l’indépendance des médias se multiplient dans notre pays, nous demandons au futur président de la République de prendre des engagements fermes pour défendre la liberté de l’information en France.

Nous avons décidé de porter auprès des candidats cinq recommandations concrètes pour protéger la liberté et l’indépendance de l’information :

  1. Lutter contre la concentration des médias et assurer la transparence de la propriété des médias
  2. Faire adopter une nouvelle loi sur la protection du secret des sources
  3. Lutter contre les procédures abusives contre les journalistes
  4. Créer un délit de trafic d’influence appliqué au champ de l’information
  5. Faciliter et élargir l’accès aux documents publics pour tous.

En France aussi, la liberté d’informer doit être défendue. C’est l’affaire de tous.

Signer la pétition en ligne sur rsf.org

Liberté, Égalité, Informés : les propositions

1. Lutter contre la concentration des médias et assurer la transparence de leur propriété

  • Modifier les dispositions obsolètes de la loi de 1986 sur l’audiovisuel, qui ne limite que les concentrations horizontales, et lutter contre la concentration des médias aux mains de groupes ayant des intérêts dans d’autres secteurs.
  • Assurer l’application des règles sur la transparence de la propriété de médias afin que l’obligation de révélation de l’identité des actionnaires soient respectée.
  • Mettre en place une obligation de transparence sur le bénéficiaire final de la propriété capitalistique d’un média.

2. Faire adopter une nouvelle loi sur la protection du secret des sources

  • Renforcer la protection du secret des sources des journalistes, afin que l’atteinte ne soit permise qu’à titre exceptionnel, sur autorisation d’un juge, pour ne permettre que la prévention d’une série d’infractions listées précisément.
  • Abroger les délits de recel du secret professionnel, du secret de l’enquête ou de l’instruction, et d’atteinte à l’intimité de la vie privée pour les journalistes dans l’exercice de leur activité.

3. Lutter contre les procédures abusives contre les journalistes

  • Mettre fin à la mise en examen “automatique” des journalistes en cas de plainte en diffamation avec constitution de partie civile.
  • Mettre en place des mécanismes permettant de dissuader les procédures qui visent à museler les journalistes.

4. Créer un délit de trafic d’influence appliqué au champ de l’information

  • Renforcer les garanties de l’indépendance éditoriale vis-à-vis des actionnaires, des annonceurs et de toutes les parties prenantes externes.
  • Créer un délit de trafic d’influence appliqué au champ de l’information, transposition du délit de trafic d’influence existant pour les dépositaires de l’autorité publique.

5. Faciliter et élargir l’accès aux documents publics pour tous

  • Élargir la liste des documents pouvant faire l’objet d’une demande d’accès et la liste des entités devant s’y soumettre.
  • Préciser la définition des documents ne pouvant donner lieu à communication.
  • Rendre contraignants pour les administrations les avis de la commission d’accès aux documents administratifs (CADA).

Signer la pétition en ligne sur rsf.org

Menaces sur la liberté de la presse

Hemicycle du Sénat
©Sénat

Les sociétés de journalistes de 24 médias s’inquiètent du projet de loi intitulé « égalité et citoyenneté », examiné par le Sénat. Les sénateurs envisagent notamment de supprimer le principe de la prescription des délits de presse, comme la diffamation.

Les sociétés des journalistes signataires font part de leur vive inquiétude à propos du projet de loi intitulé «égalité et citoyenneté» qui pourrait réduire dangereusement la liberté de la presse.

Ce texte est examiné par le Sénat depuis mardi. Il entend vider de son contenu la loi du 29 juillet 1881, sous couvert de lutter contre les abus d’Internet. Le Sénat s’apprête à remettre en cause ce texte fondateur sans concertation préalable avec les représentants des journalistes.

De quoi s’agit-il ? Les sénateurs envisagent notamment de jeter à la poubelle le principe de la prescription des délits de presse – à commencer par la diffamation – au bout de trois mois, à compter de la date de publication: sur le support Internet, ces infractions deviendraient, de fait, imprescriptibles, au même titre que les crimes contre l’humanité.

Ainsi, les contenus audiovisuels rediffusés ou disponibles conjointement en ligne (podcasts, replays, etc.), pourront être poursuivis indéfiniment, ce qui introduit une discrimination manifeste entre les médias et les supports. De même, selon le texte sénatorial, la presse en ligne, uniquement disponible sur Internet, se trouve totalement discriminée par rapport à la presse diffusée à la fois sur support papier et Internet, puisqu’elle sera, par nature, exclue de la prescription trimestrielle et soumise à un risque d’action tant que ses articles seront en ligne.

Par ailleurs, le texte prévoit de supprimer une garantie fondamentale des droits de la défense, reconnue comme telle par le Conseil constitutionnel. Aujourd’hui, c’est à celui qui s’estime diffamé ou injurié de préciser exactement par quel passage, et de qualifier le délit (injure, diffamation ou autre). S’il se trompe, son action est déclarée nulle par le tribunal. Ce système, très protecteur de la liberté de la presse, est remis en cause par le Sénat qui ouvre la voie à des poursuites judiciaires dans lesquelles le journaliste devra se défendre sans savoir exactement ce qui lui est reproché.

Enfin, les sénateurs entendent autoriser le contournement de la loi de 1881, en permettant les actions en justice sur le fondement d’une simple faute civile. Du coup, toute personne, qu’il s’agisse d’un particulier ou d’une entreprise, pourra exiger des dommages et intérêts pour un article qui lui déplaira.

Nous, sociétés des journalistes, appelons tous les titres à nous rejoindre pour se mobiliser contre ce projet de loi liberticide, qui met en péril l’un des piliers de la démocratie, consacré par le Conseil constitutionnel et la Cour européenne des droits de l’Homme.

Les SDJ des médias : Le Figaro, Le Monde, Les Échos, Libération, L’Humanité, Médiapart, Le Point, Télérama, L’Obs, TF1, France 2, BFM, Franceinfo.fr, i-Télé/Canal+, France 24, Europe 1, RTL, RFI, Capa, Premières lignes, Alternatives économiques, l’AEF, Bastamag, agence TV Presse Productions.

CANAL+ : les mensonges de Vincent Bolloré et Maxime Saada aux sénateurs

Le 22 juin 2016, Vincent Bolloré, président du Conseil de surveillance de Vivendi et Maxime Saada, directeur général de Canal +, ont été auditionnés par la commission culture et communication du Sénat. Lors de cette audition, les deux dirigeants ont menti à plusieurs reprises sur la censure du Crédit Mutuel.

Le collectif Informer N’est Pas Un Délit estime que les propos mensongers de MM. Bolloré et Saada relèvent d’une atteinte grave à la liberté d’informer. Nous ne pouvons accepter que ces dirigeants puissent travestir les faits et mentir aux sénateurs, à la presse et donc à tous les citoyens.

Le collectif Informer N’est Pas Un Délit a donc décidé de rétablir la vérité en reprenant point par point les explications mensongères de Vincent Bolloré et de Maxime Saada.

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CSA, de quel côté êtes-vous ?

Vendredi 10 juin, la rédaction d’iTélé a adopté à une très large majorité une motion de défiance contre sa direction. Selon les résultats publiés par la Société des journalistes, les chiffres sont sans appel : 89,5% des votants se sont prononcés pour la motion de défiance avec une participation de 88 % des salariés. Ces chiffres sont la conséquence des choix éditoriaux du groupe Canal+ qui n’a cessé, ces derniers mois, de bafouer l’indépendance des journalistes et de piétiner la liberté d’informer.

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Procès Luxleaks : M. Hollande, de quel côté êtes-vous ?

Lettre ouverte :

Monsieur le Président de la République,

Mardi 26 avril s’ouvre le procès LuxLeaks. Deux de vos concitoyens sont poursuivis par la justice luxembourgeoise pour avoir informé le monde entier des pratiques fiscales douteuses mises en oeuvre par le Grand Duché et permettant aux entreprises d’échapper à leur impôt, notamment en France. Un sujet qui vous est cher, puisque comme vous le déclariez en 2012, votre adversaire « c’est le monde de la finance ».

Antoine Deltour est lanceur d’alerte. Edouard Perrin est journaliste. Sans eux, pas d’information. Sans leur courage, les dizaines de millions de lecteurs ou téléspectateurs de 80 médias ayant relayé et poursuivi les investigations dans plus de 26 pays via le consortium international des journalistes d’investigation ICIJ, n’auraient pu être informés.

La justice luxembourgeoise leur reproche de ne pas avoir respecté le « secret des affaires ». Ce fameux « secret des affaires » qu’une majorité de parlementaires européens a choisi récemment d’ériger en principe à travers le vote d’une directive qui permettra de poursuivre systématiquement et massivement désormais tous les Antoine Deltour et Edouard Perrin de l’Union européenne.

A moins que la France et d’autres pays, via le Conseil des États membres ne bloquent dans les semaines qui viennent cette directive dangereuse. Mais encore faut-il avoir la volonté de défendre – avec sincérité – la liberté d’informer et le droit de savoir de 500 millions d’Européens.

Il y a deux semaines, le scandale « Panama Papers » s’affichait à la une de 109 publications dans le monde. Comme vous, nous étions choqués par ce vaste système d’optimisation fiscale des plus grandes compagnies qui ne jouent pas le jeu de la solidarité devant l’impôt.

A juste titre, vous affirmiez au lendemain de ces révélations d’une ampleur sans précédent : « Je remercie les lanceurs d’alerte, je remercie la presse qui s’est mobilisée (…) c’est grâce à un lanceur d’alerte que nous avons ces informations (…) ils prennent des risques, ils doivent être protégés ».

Voilà pourquoi nous souhaiterions vous entendre dire la même chose à l’endroit d’Antoine Deltour et d’Edouard Perrin. Ils risquent de lourdes condamnations, et pourtant l’ensemble de notre société leur doit beaucoup.

Ni vous, ni aucun membre de l’exécutif français ou européen n’a encore affirmé son soutien à nos courageux concitoyens. Comment rester silencieux plus longtemps ? Il est temps de se prononcer.

Le Collectif « Informer n’est pas un délit »

Procès Bettencourt : les journalistes n’ont fait que leur métier

Cinq journalistes, dont Fabrice Arfi, membre du Collectif Informer n’est pas un délit, doivent comparaître cette semaine devant le tribunal de Bordeaux dans le cadre du procès Bettencourt. Pour avoir révélé les enregistrements clandestins qui sont à l’origine de l’affaire, ces cinq journalistes sont aujourd’hui poursuivis pour « recel d’atteinte à l’intimité de la vie privée ». Derrière ce procès, c’est une certaine idée de la presse qui est en jeu.

La justice reproche à ces cinq journalistes d’avoir révélé des enregistrements qu’elle a, elle-même, utilisés pour condamner plusieurs personnes, dont certaines à de la prison ferme. Dans cette affaire, rien ne peut donc justifier que nos confrères soient poursuivis. Ils n’ont fait que leur métier en publiant des informations d’intérêt général.

Le collectif « Informer n’est pas un délit », qui a pour vocation de lutter contre toutes les atteintes à la liberté d’informer, leur apporte donc tout son soutien. Il ne s’agit pas là d’une lutte corporatiste mais d’un combat citoyen au service de la liberté d’informer.

Bolloré devant le CSA : les questions qui dérangent

Tribune commune avec Reporters Sans Frontières parue dans Le Monde et sur RSF.org :

Nous, membres du collectif « Informer n’est pas un délit » et Reporters sans frontières (RSF), interpellons le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) parce que nous estimons que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du groupe Canal+, Vincent Bolloré.

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