Newsletter #4 – Spéciale extrême-droite

L’extrême-droite, désireuse de remettre au pas les journalistes, est aux portes du pouvoir. Bien qu’elle reste encore sur le perron, les menaces sur la liberté de la presse demeurent. La fusion de l’audiovisuel public est toujours à l’étude, à moins que le Rassemblement national ne finisse par imposer une privatisation totale, comme annoncé pendant la campagne législative.

Durant cette campagne justement, les atteintes à la liberté de la presse se sont multipliées, présageant un avenir peu rassurant. Informer N’est Pas Un Délit vous propose de revenir sur cet été mouvementé, loin de toute trêve olympique.

ÉDITO – Etats généraux de l’information : tout ça pour ça ?

Avec ses États généraux de l’information, le président a offert un an aux groupes de réflexion pour protéger une presse libre et indépendante. Un an d’auditions à répétition, des centaines de professionnels écoutés, pour pondre un cadre censé combattre les fake news, les Gafam, la concentration des médias et les atteintes liberticides comme le secret des affaires, le secret défense, les procédures baillons, et tout ce qui verrouille l’accès à l’information.

Deux cents propositions noircies sur le papier, et pourtant quinze seulement retenues… Une synthèse qui oublie le droit d’agrément, cet outil essentiel qui permettrait aux journalistes de valider – ou non – le choix des actionnaires pour la tête d’une rédaction. Ces quinze recommandations survolent à peine les procédures-bâillons, en renvoyant à la directive européenne floue du 16 avril 2024. Idem pour la concentration des médias… et pas un mot sur l’avenir de l’audiovisuel public. On sait pourtant que le RN rêve de le privatiser, tandis que la droite souhaite le fusionner pour mieux le contraindre. 

Ce n’est pas le Nouveau Front populaire, avec sa majorité chancelante et son manque de pouvoir, qui fera bouger les lignes. Ces quinze mesures esquivent également des sujets cruciaux : le secret des affaires, le secret défense, la protection des sources, ou encore le scandale de voir les affaires de presse jugées par des tribunaux de commerce. Pourtant, lors de l’audition de l’INPD, nous avons été clairs et intransigeants sur ces points essentiels.

Nous ne sommes pas dupes. Dès le départ, c’était mal parti. Aux côtés de journalistes et de citoyens fermement engagés pour défendre l’information en tant que bien public, les organisateurs des EGI ont installé des adeptes d’Anastasie et de ses ciseaux de censure.

Et maintenant, que va-t-il advenir de ce rapport, présenté le 12 septembre ? Il sera remis à un ministère de la Culture, puis dirigé vers les commissions d’une Assemblée sans majorité. Soyons clairs : il sera dilué, raboté, et finalement réduit à peau de chagrin. Tout ça pour ça ? 

Jérémie Demay

Administrateur

 

FOCUS SUR… l’affaire Réseau libre

Impression d’écran de la page d’accueil du site Réseau libre le 4 juillet 2024.

Une “balle dans la nuque”, c’est ce que promet le site d’extrême-droite Réseau libre. Pourquoi ? Parce qu’Informer N’est Pas Un Délit a signé une tribune dans L’Humanité du 2 octobre 2023, aux côtés de 180 autres journalistes, avocats, élus et associations, appelant à mieux protéger les professionnels de l’information. Comme pour en démontrer la nécessité, Réseau libre dresse, à partir des signataires, une liste des « candidats à une exécution le jour où (si…) les Patriotes se sortent les doigts du cul ».

Cette menace compte parmi les dernières d’une longue série pour Réseau libre. Car en 2019, Mediapart révélait déjà que certains membres du site avaient évoqué des projets d’attentat contre la communauté musulmane.

Malgré la violence de la menace, cet appel est passé inaperçu pendant de long mois. Jusqu’à ce que Réseau Libre attire la lumière quelques jours avant le second tour des législatives. Ces fous de la gâchette publient en effet une nouvelle liste le 3 juillet.  Cette fois, ils souhaitaient « éliminer » des avocats ayant signé une tribune dans Marianne, qui appelait à se mobiliser contre le RN. Dès le lendemain, le bâtonnier de Paris, Pierre Hoffman, saisit la procureure de Paris.

Mais il en faut plus pour effrayer ces fâcheux, puisque dès le second tour passé, un billet appelle à mener des attaques isolées contre “des cibles qui assument leur statut d’ennemi” “des avocats, journalistes, associatifs et politicards de second ordre”.  Avant de préciser, comme le rapporte L’Humanité, que pour les “neutraliser”, avoir des armes à feu n’est pas indispensable, celles-ci pouvant être remplacées par un “bon couteau de cuisine, voire une arbalète, voire un manche de pioche”. 

Face à l’obsession mortifère de Réseau Libre, la plateforme d’investigation Forbidden Stories se plonge dans les archives du site et découvre l’appel au meurtre contre les signataire de la tribune d’octobre. Les signataires menacés s’unissent alors et déposent deux plaintes collectives au parquet de Paris les 12 et 15 juillet, pour “menaces de mort” et “provocation de commettre un crime ou un délit”, avec en tout 77 plaignants.

Qui se cache derrière ce site, qui avant sa fermeture, était hébergé en Russie ? Il s’agirait de Joël Michel Sambuis qui, dans les années 2000, avait créé un site avec un nom déjà évocateur « SOS racailles ». Médiapart en 2019 avait mené une enquête sur cet individu, sans que celui-ci ne daigne répondre. La menace reste réelle. Selon un message qui s’affichait encore sur le site quelques jours avant sa fermeture, un canal Telegram aurait été créé pour poursuivre ces diatribes racistes et menaçantes.

 

ILS SONT ENTRAVÉS – Une extrême droite en campagne… contre les journalistes

21 jours. La campagne des élections législatives de juin dernier a été la plus courte de l’histoire de la Ve République. Une campagne éclair, mais qui a pourtant mis les médias et ceux qui y travaillent sous pression de façon inédite.

Dans un communiqué, la Fédération européenne de journalisme (FEJ) sonne l’alerte. La FEJ est en effet membre de l’European Center for Press and Media Freedom (Ecpmf), qui recense les atteintes à la liberté de la presse en Europe. En juin, l’organisation a relevé 29 atteintes à la liberté de la presse sur le territoire français, soit quatre fois plus qu’à l’ordinaire. Selon Mapping Media Freedom, une carte interactive alimentée par les membres de l’Ecpmf, 24 incidents sont survenus en France entre le 16 juin, jour de dépôt des candidatures, et le second tour du 7 juillet. Parmi eux, 19 étaient dues à l’extrême droite, dont 13 pouvant être directement liés au contexte de la campagne.

Ces chiffres sont sans commune mesure avec ceux des scrutins précédents : en 2022, seules trois atteintes avaient été relevées pendant les quatre semaines qu’avait duré la campagne. Sur ces trois, deux étaient liées au contexte électoral et avaient un lien avec l’extrême droite.

En comparaison, il y a eu près de dix fois plus d’atteintes à la liberté de la presse pendant la campagne de 2024 que deux ans plus tôt. Menaces, harcèlements en ligne, intimidations sur le terrain… Tour d’horizon d’une course aux législatives où la liberté de la presse a été particulièrement malmenée.

Epidémie de menaces et de cyberharcèlement

Lettre anonyme reçue par Karim Rissouli le 25 juin 2024, partagée par le présentateur sur Instagram.

Les journalistes ont été particulièrement visés  par les attaques racistes pendant cette campagne, qui a donné lieu à un déferlement de haine décomplexée. Dans son communiqué, la Fédération européenne des journalistes signale que « le nombre d’attaques xénophobes a doublé, en juin, par rapport aux cinq premiers mois de l’année » et que « la majorité des faits de racisme enregistrés en juin (70%) font référence au contexte électoral »

Le 25 juin, Mohammed Bouhfasi, journaliste de l’émission C à vous sur France 5, publie les messages haineux qu’il a reçus sur Instagram : “sale arabe” ; “on en veut plus des têtes d’arabes comme toi” “bientôt c’est la fin de la France pour les bougnoules comme toi !” Son collègue Karim Rissouli, présentateur de C Politique sur la même chaîne, a le même jour fait part d’une lettre manuscrite reçue cette fois à son domicile. Le message est clair : “la seule et unique raison du vote RN, c’est que le peuple français historique en a plein le cul de tous ces bicots.” 

Nassira El Moaddem, journaliste d’Arrêt sur image, avait déjà été harcelée en mai après avoir qualifié la France de “pays de racistes dégénérés” en réaction au score du Rassemblement national lors des élections européennes. Au mois de juin, elle a de nouveau été prise pour cible. Sur son compte X, elle révèle qu’une lettre manuscrite, similaire en tous points à celle reçue par Karim Rissouli, a été envoyée au domicile de sa mère.

Cette vagues de cyberharcèlement a également visé des journalistes engagés, comme Salomé Saqué, régulièrement ciblée par des messages malveillants sur les réseau sociaux. Sur X, elle affirme le 4 juillet recevoir une avalanche de messages privés. Elle partage l’un d’eux, où un inconnu lui promet « une balle dans la tête ». Elle est catégorique : « C’est une vague de haine sans précédent dans ma carrière. » 

Le photoreporter Michel Soudais, rédacteur en chef adjoint du média Politis, a lui été pris pour cible pour avoir couvert une action d’extrême droite : après avoir photographié et relaté l’incursion du collectif Nemesis (un groupe « féministe » d’extrême droite) pendant un rassemblement place de la République, il a été visé par une vague d’attaques en ligne.

Enfin, certaines attaques sont venues directement de médias proches de l’extrême droite. C’est le cas de Giulia Fois. Cette journaliste, autrice, réalisatrice de France Inter avait annoncé sa participation à un meeting du Nouveau Front Populaire. Plusieurs stars du groupe Bolloré, de Cyril Hanouna à Jean-Marc Morandini, ont alors attaqué son engagement en plateau, en le comparant au cas de Jean-François Achilli (journaliste licencié de France info après un projet de collaboration sur un livre de Jordan Bardella amorcé sans avoir consulté ses supérieurs, NDLR). 

N’étant plus en contrat avec la radio publique, et donc libre de participer au meeting, la journaliste a pourtant annulé sa venue. Elle s’en explique dans Libération : «J’ai été sensible à un argument : c’est que Radio France emploie 4000 personnes et que ces 4000 personnes essayent de travailler dans des conditions qui sont détestables en ce moment.»

Menaces – Streetpress dans le viseur de l’extrême droite

Impression d’écran d’une boucle Telegram néo-nazie, partagée par Mathieu Molard sur X. 

Le 16 juin, dernier jour de dépôt des candidatures, le média indépendant Streetpress, reconnu pour ses investigations et sa couverture des cultures urbaines, reçoit 52 fois le même message d’insultes sur sa boîte mail. Envoyé depuis une boîte mail anonyme, il fait explicitement référence aux élections législatives (“bande de salopes on élira jamais des putes comme vous au pouvoir”), et ne cache pas ses motivations islamophobes (“on vous encule profond vous et vos petites pute de copines les musulmans et ttes les racailles qui font votre force politique”). La fin du message contient une menace à peine voilée (“rira bien qui rira le dernier”), qui trouvera un écho quelques jours plus tard.

Le 27 juin, sur X, Mathieu Molard, co-rédacteur en chef de Streetpress, partage un message qu’il affirme avoir repéré dans une boucle Telegram d’obédience néo-nazie. Ce message évoque l’idée d’attaquer les bureaux du média : “Faire un attentat dans les locaux de Streetpress”. Un message liké six fois

Rassemblement national – Les reporters ne sont pas toujours les bienvenus

Le Rassemblement national s’est-il normalisé ? L’incident rapporté par le journal du sud-ouest L’Indépendant semble indiquer le contraire. Dans un édito paru le 18 juin, son rédacteur en chef y raconte la situation subie par un de ses journalistes. Le lendemain de la dissolution, il se rend à une conférence de presse du parti, où aucun autre média ne s’est présenté. Sur place, trois députés RN : Julien Rancoule, Frédéric Falcon et Christophe Barthès. Ces derniers refusent alors de tenir la conférence de presse, et attaquent personnellement le reporter, en lui reprochant d’avoir utilisé l’expression « extrême droite » pour qualifier le parti de Marine Le Pen. 

Appeler un chat, un chat devient compliqué. D’autant que le Conseil d’Etat, lui, ne tourne pas autour du pot. En mars 2024, la plus haute juridiction civile a en effet rejeté un recours du Rassemblement national pour que cette classification ne soit pas utilisée par le ministère de l’Intérieur lors des élections.

Cette hostilité envers les journalistes n’est pas un cas isolé. Le 7 juillet, plusieurs journalistes ont été expulsés de la soirée électorale de Rassemblement national du Rhône.

Rodolphe Kollet, de la Tribune de Lyon, raconte avoir été prié de quitter les lieux, une vingtaine de minutes après son arrivée. Une expulsion qui n’a selon lui pas été justifiée par le service de sécurité : on se serait contenté d’indiquer qu’il s’agissait d’une « consigne de Tiffany Joncour », la députée nouvellement élue de la 13e circonscription du Rhône. 

C’est ensuite au tour de Matthieu Périsse, du collectif We Report (collaborateur régulier de Médiapart et Médiacités) d’être conduit vers la sortie. Sur X, il affirme que cette expulsion serait survenue après l’arrivée sur place de Tim Bouzon, directeur de campagne de Tiffany Joncour, qui aurait déclaré : « Les médias qui nous crachent dessus ne sont pas les bienvenus. » Selon le journaliste, c’est « probablement » un article qu’il venait de signer pour Médiacités qui aurait déplu. Il y révélait le lien entre deux candidats du RN et les réseaux identitaires lyonnais. Des cas loin d’être isolés, comme le rappelle Mediapart dans un communiqué

CONCENTRATION DES MÉDIAS – L’incroyable opération de l’empire Bolloré pour tenter de discréditer RSF 

Impression d’écran du faux-site de Reporters Sans Frontière, rebaptisée ici « Sectaires sans frontière »

Pour Reporters Sans Frontière, c’est du jamais vu en 30 ans. Dans un long article sur son site, l’association raconte comme elle a été visée par une opération d’influence visant à la discréditer. Aux manettes, une agence de communication aux méthodes peu avouables, liée au groupe de Vincent Bolloré.

Tout commence en 2021. Reporters Sans Frontière saisit l’Arcom en 2021 pour mettre en demeure CNews de respecter ses obligations légales de pluralisme, d’indépendance et d’honnêteté. Le régulateur de l’audiovisuel refuse, et l’association fait un recours auprès du Conseil d’Etat. Le 13 février dernier, la plus haute juridiction civile tranche en faveur de RSF, contraignant l’Arcom à agir contre CNews.

Sur les chaînes du groupe Bolloré, éditorialistes et présentateurs fulminent. Christophe Deloire, qui dirigeait alors RSF (avant son décès brutal en juin dernier), se retrouve en Une du Journal du Dimanche, accusé de vouloir « mettre fin à la liberté d’expression ». Une offensive médiatique qui se serait poursuivie en ligne, cette fois à visage couvert.

Le 20 février, une campagne est initiée par Les Corsaires, un « groupe d’action » de « cyber-miliants de la liberté d’expression ». Sur leur site, ils lancent une « bataille » contre RSF, avec une page appelant les internautes à tweeter des messages clef en main. 

Visuel partagé sur la page X des Corsaires le 20 février 2024. 

D’une esthétique soignée, la page propose des visuels, un hashtag (#STOPCENSURE) et des messages tels que celui-ci : « Vous touchez de l’argent public mais ne vous penchez jamais sur les médias qu’il finance, @RSF_fr. Cette partialité ne vous honore pas, l’acharnement contre @CNEWS révèle vos biais militants. » Une campagne envoyée à plus de 16000 personne selon RSF. 

Le lendemain, un mystérieux site internet est créé. Intitulé « Sectaires sans frontière », il plagie l’identité visuelle de RSF, et multiplie les affirmations calomnieuses, accusant l’association de vouloir promouvoir « le fichage des journalistes ». Sponsorisée via la régie publicitaire Google, la contrefaçon se retrouve en tête des résultats de recherche du navigateur. L’objectif : induire les internautes en erreur lorsqu’ils recherchent le site de l’association.

Face à cette « campagne de discrédit et de désinformation », RSF mène l’enquête et découvre que quatre autres noms de domaines similaires à celui de l’association ont été achetés. Et surtout, parvient à retracer le détenteur du site… qui ne serait autre que Progressif Média, une agence de communication dont le groupe Bolloré a acheté 8,5% des parts en 2022.

Comme l’avait révélé Libération dans une investigation de septembre 2023, cette « fabrique à influenceurs » ayant collaboré avec plusieurs acteurs controversés de l’extrême-droite (Génération identitaire, l’application de chant Canto) serait à l’origine du projet Corsaires, ce qu’elle nie. Au moment de la publication de ces révélations, ni Progressif ni Vivendi n’avait répondu aux sollicitations de Libération.

Contacté par RSF, « Vivendi a répondu ne pas avoir de commentaires à faire, ne pas être au courant de ces pratiques et a rappelé sa participation minoritaire au capital de Progressif Media. » Pourtant, RSF affirme s’être procuré un document interne à Progressif Media, détaillant « l’ensemble de la campagne » et intitulé… « Reporting Vivendi ».

 

AGENDA – Mercredi 9 octobre – Grande soirée pour la défense de la liberté de la presse

L’Observatoire français des atteintes à la liberté de la presse (Ofalp), association amie d’INPD, réunit des journalistes et des membres de la société civile sur la scène du Théâtre de la Concorde à Paris pour lancer l’alerte sur la liberté d’informer en France. Entrée gratuite, inscription obligatoire ici. Mercredi 9 octobre, 19h30 – 22h15

 

APPEL À BÉNÉVOLES

Nous avons besoin de vous. 

Nous lançons un appel aux bonnes volontés pour nous rejoindre et travailler sur la concentration des médias : opérer une veille sur l’actualité liée à la concentration des médias, transformer notre site internet en espace-ressource sur cette question, mobiliser les réseaux sociaux et réfléchir aux formes d’action envisagées.

Si certain.e.s souhaitent s’engager avec nous sur une de ces missions, écrivez-nous !

Newsletter #3

Les menaces qui planent sur la liberté d’information n’ont jamais été aussi nombreuses. Informer n’est pas un délit continue de faire entendre sa voix et de porter dans le débat public la question brûlante de la concentration des médias.

Pour mener ce combat et tous ceux qui suivront, nous avons besoin de vous. Vous êtes la force de l’association, son moteur !

 

ÉDITO – Faut-il une BBC à la française ?

À peine nommée au gouvernement, Rachida Dati annonce le 31 janvier sur France Inter vouloir créer une « BBC à la française. » Une fois de plus, la réforme de l’audiovisuel public revient sur le devant de la scène. Mais pourquoi la BBC ? Parce que la « Beeb » est la plus vieille société publique de radiodiffusion au monde. Créée en 1922, elle reste pour beaucoup un modèle d’excellence.

Cependant, Madame la ministre oublie alors que cette vieille dame de 102 ans a été conçue et développée comme une société indépendante et intégrée, avec une forte culture d’entreprise. Cela en fait une institution incontournable au Royaume-Uni, financée majoritairement par la redevance.

Dans notre pays, il n’existe rien de comparable. Pas de culture d’entreprise unique, mais des sociétés de l’audiovisuel public qui ont chacune construit leur propre identité. Une fusion forcée irait forcément à l’encontre de l’histoire des entités publiques françaises. Voilà pourquoi les syndicats redoutent, à juste titre, une casse sociale. Regardons la BBC. Depuis 2010, la reine des entreprises de l’audiovisuel public a vu son budget réduit de 30 % et a perdu 1800 emplois. Est-ce cela que souhaite le gouvernement ?

En France, la ministre de la Culture affirme vouloir créer un audiovisuel public fort. Nous y sommes tous favorables. Pourtant, Rachida Dati reconnaît elle-même que l’objectif est de faire des économies. Alors, que vise vraiment le gouvernement ?

À INPD, nous souhaitons un service public fort, indépendant et financé de manière pérenne. Parlons du financement. De notre côté du Channel, où en est cette question ? La redevance ayant disparu, rien ne garantit aujourd’hui le budget de l’audiovisuel public, et donc, son indépendance. Si le gouvernement prend la BBC comme modèle, qu’il commence par rétablir un mode de financement clair, transparent et pérenne.

À ce stade, rien dans la stratégie gouvernementale portée par Rachida Dati ne répond à nos attentes. Quelle que soit la réforme, la société qui accueillera tout ou partie des entités publiques le 1er janvier 2026 risque de n’être qu’une coquille vide. Sa création pourrait créer des tensions inutiles, menacer l’emploi et appauvrir encore l’offre médiatique. En région, la fusion entre France Bleu et France 3 nuit déjà à un pluralisme précaire. Au niveau national, le gouvernement devrait accroître la diversité des médias publics, et non agir à l’inverse. Avec la concentration des médias, l’accès des citoyens à une information plurielle, indépendante et de qualité pour se forger une opinion éclairée devient difficile.

Si la dissolution de l’Assemblée nationale a temporairement mis entre parenthèses le projet de « BBC à la française » porté par Rachida Dati, dont le poste dépend du résultat des législatives anticipées, l’audiovisuel public reste sous pression. Comme l’atteste le projet de privatisation annoncé par le Rassemblement national en cas de prise du pouvoir.

Quel que soit le résultat du second tour des législatives dimanche, et quelle que soit l’origine de la prochaine attaque, Informer n’est pas un délit continuera son combat pour préserver le service public de l’information.

Nicolas Vescovacci

Président d’Informer n’est pas un délit

 

CONCENTRATION DES MÉDIAS – Rodolphe Saadé à l’assaut de la presse

Mardi 3 juillet, le milliardaire Rodolphe Saadé a officiellement racheté le groupe Altice Média, et ses chaînes BFMTV et RMC. Une prise de plus au tableau de chasse du directeur général de l’entreprise de fret maritime CMA CGM. Avec quelles conséquences pour la liberté d’informer ? Retour sur les pratiques du nouveau membre du petit club des magnats de la presse française.

Après avoir racheté le groupe La Provence (détenteur du titre quotidien régional éponyme et de Corse-Matin) en 2022, La Tribune et La Tribune dimanche l’année dernière, en 2024, Saadé continue son shopping médiatique. Cette année, avec sa filiale Whynot Media, il s’est attaqué à l’audiovisuel.

Tout commence le 15 mars. Il annonce être entré en négociation exclusive avec la société de Patrick Drahi pour racheter Altice, troisième groupe de médias privés du pays. Quelques semaines plus tard, il monte au capital de M6 à hauteur de 10%. Un appétit qui a cependant de quoi susciter de l’inquiétude chez les salariés des médias rachetés par l’armateur.

En effet, le 19 mars, la première rencontre entre Rodolphe Saadé et le Comité social et économique de BFM-TV donne le ton. Comme le raconte Aude Dassonville dans Le Monde, il assure alors aux représentants du personnel qu’il ne “réagirait pas bien” au traitement par ces chaînes d’une affaire touchant les activités du groupe CMA-CGM : “Et je le ferai savoir. Je n’interviens pas mais je considère que c’est très agressif d’avoir une attitude agressive contre son actionnaire. »

Il ne se cache pas d’un potentiel conflit d’intérêt entre ses activités de fret et sa nouvelle casquette médiatique… mais assure qu’il ne serait pas “interventionniste” : “Il faut que l’information existe, mais il y a manière et manière. (…) Je suis particulièrement déçu quand je vois qu’il y a seulement un petit encart dans mes journaux quand mon groupe fait quelque chose de bien.” 

Cette annonce trouve un écho troublant 3 jours plus tard : le 22 mars, on apprend la mise à pied du directeur de la rédaction de La Provence, Aurélien Viers. Suite à la visite à Marseille du président de la République, la Une du journal (simple citation entre guillemets d’un habitant) aurait dérangé des élus Renaissance à Marseille, tels que Christophe Madrolle, proche du président de la région PACA Renaud Muselier.

Toujours selon Le Monde, Christophe Madrolle affirme avoir signalé la parution au ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et avoir échangé par texto avec Emmanuel Macron à ce sujet. Le jour même, Gabriel D’Harcourt, directeur général du groupe La Provence et directeur de la publication, est convoqué au siège de la CMG CGM par les équipes de Rodolphe Saadé.

Le lendemain, vendredi 22 mars, Gabriel D’Harcourt, qui réfute toute pression, met à pied le rédacteur en chef de la rédaction Aurélien Viers, en vue d’un licenciement. Avec en prime, des excuses en Une pour avoir “induit le lecteur en erreur” en laissant penser que la citation émanait de narcotrafiquants. 

Le tollé médiatique qui s’en suit et la déclaration de grève illimitée des journalistes de la rédaction, qui y voient une “ingérence éditorial inadmissible”, font faire machine arrière à Saadé. Le 25 mars, La Provence annonce annuler la mise à pied, et promet que la charte d’indépendance éditoriale – fruit de mois de négociations avec les syndicats –  serait signée avant la mi-avril.

l aura finalement fallu attendre jusqu’au 27 juin dernier pour qu’une charte soit adoptée. Elle garantie notamment la protection des journalistes contre « toute forme de presse ». Un signe encourageant pour les salariés de RMC et BFM-TV ? 

ILS SONT ENTRAVÉS – Un printemps de procédures-bâillons

HARCÈLEMENT JUDICIAIRE – Le cas Alila

C’est un cas d’école des procédures-bâillons, ces actions en justice intentées contre des journalistes ou des médias pour les réduire au silence. En un an, Alila, promoteur immobilier lyonnais, a entamé trois actions en justice pour diffamation contre le site local d’investigation Médiacités. Le journal est accusé de vouloir nuire à l’image de l’entreprise et de son PDG, après avoir publié des enquêtes sur ses pratiques commerciales douteuses et retranscrit des propos d’anciens employés.

Pour chacune des trois plaintes, la bonne foi de Médiacités a été reconnue par le tribunal : en novembre pour les deux premières, avec une condamnation d’Alila pour procédure abusive ; en mai pour la dernière.

Insuffisant pour qu’Alila s’avoue vaincue. L’entreprise a systématiquement fait appel des jugements. Le 20 juin, la relaxe de Médiacités dans la double procédure jugée en novembre a été confirmée en second instance. Quant à la dernière procédure, elle n’a pas encore été jugée.

Face à un tel acharnement judiciaire, remporter son procès ne suffit pas. Car les procédures à répétition ont un coût humain et financier pour Médiacités, média indépendant aux finances fragiles. Pour Alila, l’enjeu est de préserver son image, et de dissuader toute nouvelle investigation de la part des journalistes.

Une stratégie reprise par de nombreux auteurs de procès-bâillons, qui ont les moyens d’assommer les médias à coups d’avocats et savent que les risques sont limités. Les amendes pour procédure abusive n’ont en fait rien de dissuasif. En novembre 2023, pour avoir imposé deux procédures à Médiacités, Alila a été condamné à payer 5000 euros de dommages et intérêt. Des sommes minimes, et difficiles à obtenir : le 20 juin, alors même qu’elle avait confirmé la relaxe de Médiacités dans la double procédure intentée par Alila, elle a infirmé la condamnation pour procédure abusive.

MISE EN EXAMEN – Hugo Clément poursuivi par un dresseur

Hugo Clément a lui aussi été victime d’une procédure-bâillon. Son média Vakita a révélé les allégations de mauvais traitement infligés aux animaux par le dresseur de cinéma Pierre Cadéac. Des allégations de coups portés aux animaux difficiles à contester, puisque l’un deux, asséné à un rapace, a été filmé. Malgré ces preuves, le dresseur a accusé le journaliste de porter atteinte à sa réputation, et l’a poursuivi en diffamation.

Comme le raconte Hugo Clément dans sa newsletter : “En matière de diffamation, la mise en examen est automatique, ce qui ne veut donc absolument pas dire que la plainte est fondée.” Résultat : du temps et de l’argent dépensé par le journaliste, des tribunaux encombrés, et une atteinte potentielle de plus à la liberté d’informer.

PROTECTION DES SOURCES – Encore une journaliste en garde à vue

Moins d’un an après la garde à vue et la perquisition qu’a subie notre consœur Ariane Lavrilleux, Informer n’est pas un délit s’alarme d’une nouvelle tentative d’attenter au secret des sources lors d’une garde à vue. Le 18 juin, une journaliste de Blast qui enquêtait sur les ventes d’armes de la France à Israël a été interpellée au cours d’une manifestation. Elle avait suivi un groupe de militants qui s’était introduit dans les locaux de l’entreprise Exxelia.

Elle a été arrêtée en même temps que six militants, alors que d’après son employeur, elle avait bien montré sa carte de presse aux policiers. Elle a été conduite au commissariat du 11e arrondissement de Paris, où elle a refusé de déverrouiller son téléphone afin de protéger ses sources. Elle a ensuite passé 39 heures en garde à vue, avant d’être relâchée. Selon le Parquet : “Les sept gardes à vue prises lors de l’intrusion dans la société Exxelia ont été levées et (…) la procédure a été classée sans suite au motif qu’aucune infraction suffisamment caractérisée ne leur est imputée.e.” 

Le 28 juin, Blast contre-attaque : il annonce assigner l’Etat pour faute lourde, au nom de la protection des journalistes et du droit de la presse. Une procédure qu’Informer n’est pas un délit suivra de près. 

CONTOURNEMENT DU DROIT DE LA PRESSE – Le Poulpe sous pression

Manuel Sanson, rédacteur en chef du média d’investigation Le Poulpe – ainsi que Gilles Triolet, directeur de publication – a été convoqué au commissariat de Rouen jeudi 27 juin. Cette convocation d’un journaliste n’a pas eu lieu dans le cadre de la loi de 1881, mais d’une information judiciaire ouverte plainte contre X pour « révélation d’information sur une enquête ou une instruction pour crime ou délit, recel de bien provenant de la violation du secret de l’instruction, violation du secret professionnel ». Cette plainte avait été déposée à l’automne 2023 par l’ex-maire de Canteleu (Seine-Maritime) Mélanie Boulanger, actuellement jugée pour complicité de trafic de stupéfiants.

Entendu en audition libre, Manuel Sanson a été interrogé sur au moins trois articles publiés par Le Poulpe traitant de l’implication de l’élue dans l’affaire. D’après leur avocat cité dans Le Monde, ce “contournement” de la loi de 1881 « devient une habitude dangereuse pour la liberté de la presse et pose des problèmes juridiques fondamentaux ».

En 2023, Le Poulpe avait déjà été victime d’un tel contournement. Après une série d’articles sur un chantier de dépollution de la société Valgo, cette dernière avait attaqué le média devant un tribunal de commerce, au nom d’une “concurrence déloyale par dénigrement”, une notion émanant du droit commercial. En cause : une entreprise concurrente, Troletti TP, suspectée d’être une des sources des enquêtes du Poulpe. 

Le tribunal de commerce avait donné gain de cause à Valgo et ordonné la saisie des correspondances entre Troletti TP et plusieurs journalistes, mettant en péril la protection du secret des sources. Reporters Sans Frontière avait dénoncé une “dérive grave” : “Une telle pratique est en contradiction flagrante avec les principes du droit de la presse, et vient illustrer la dérive croissante du recours au droit commercial pour le contourner”, avait alerté Christophe Deloire.

LES ACTIONS D’INFORMER N’EST PAS UN DÉLIT

Etats généraux de l’information

Depuis l’automne 2023, INPD participe aux Etats généraux de l’information, qui devait rendre ses conclusions au printemps. Reportée, la publication du rapport aura finalement lieu après l’été.

Lancement d’un observatoire

En mai, INPD était présent à la soirée de lancement d’un nouvel observatoire des atteintes à la liberté de la presse, l’Ofalp. Soirée racontée par Politis.

APPEL À BÉNÉVOLES

Nous avons besoin de vous. 

Nous lançons un appel aux bonnes volontés pour nous rejoindre et travailler sur la concentration des médias : opérer une veille sur l’actualité liée à la concentration des médias, transformer notre site internet en espace-ressource sur cette question, mobiliser les réseaux sociaux et réfléchir aux formes d’action envisagées.

Si certain.e.s souhaitent s’engager avec nous sur une de ces missions, écrivez-nous !

Faut-il une BBC à la française ?

À peine nommée au gouvernement, Rachida Dati annonce le 31 janvier sur France Inter vouloir créer une « BBC à la française ». Une fois de plus, la réforme de l’audiovisuel public revient sur le devant de la scène. Mais pourquoi la BBC ? Parce que la « Beeb » est la plus vieille société publique de radiodiffusion au monde. Créée en 1922, elle reste pour beaucoup un modèle d’excellence.

Cependant, Madame la ministre oublie que cette vieille dame de 102 ans a été conçue et développée comme une société indépendante et intégrée, avec une forte culture d’entreprise. Cela en fait une institution incontournable au Royaume-Uni, financée majoritairement par la redevance.

En France, il n’existe rien de comparable. Pas de culture d’entreprise unique, mais des sociétés de l’audiovisuel public qui ont chacune construit leur propre identité. Une fusion forcée irait forcément à l’encontre de l’histoire des entités publiques françaises. Voilà pourquoi les syndicats redoutent, à juste titre, une casse sociale. Regardons la BBC. Depuis 2010, la reine des entreprises de l’audiovisuel public a vu son budget réduit de 30 % et a perdu 1800 emplois. Est-ce cela que souhaite le gouvernement ?

En France, la ministre de la Culture affirme vouloir créer un audiovisuel public fort. Nous y sommes tous favorables. Pourtant, Rachida Dati reconnaît elle-même que l’objectif est de faire des économies. Alors, que veut vraiment le gouvernement ?

À INPD, nous souhaitons un service public fort, indépendant et financé de manière pérenne. Parlons du financement. De notre côté du Channel, où en est cette question ? La redevance ayant disparu, rien ne garantit aujourd’hui le budget de l’audiovisuel public, et donc, son indépendance. Si le gouvernement prend la BBC comme modèle, qu’il commence par rétablir un mode de financement clair, transparent et pérenne.

À ce stade, rien dans la stratégie gouvernementale portée par Rachida Dati ne répond à nos attentes. Quelle que soit la réforme, la société qui accueillera tout ou partie des entités publiques le 1er janvier 2026 risque de n’être qu’une coquille vide. Sa création pourrait créer des tensions inutiles, menacer l’emploi et appauvrir encore l’offre médiatique. En région, la fusion entre France Bleu et France 3 nuit déjà à un pluralisme précaire. Au niveau national, le gouvernement devrait accroître la diversité des médias publics, et non agir à l’inverse. Avec la concentration des médias, l’accès des citoyens à une information plurielle, indépendante et de qualité pour se forger une opinion éclairée devient difficile.

Espérons que le projet de « BBC à la française » porté par Rachida Dati n’égratigne pas, une fois de plus, cette pierre angulaire de notre démocratie.

Conflit au Proche-Orient – Protéger les journalistes et assurer leur libre accès aux zones concernées est plus que jamais un devoir

Depuis le 7 octobre 2023, la presse paie un très lourd tribut.

Nous, journalistes français, pour la plupart habitués à travailler dans des zones de conflits, demandons aux belligérants impliqués de protéger tous les reporters et d’ouvrir l’accès à la bande de Gaza à la presse internationale. 

Garantir une protection aux journalistes

Depuis le 7 octobre 2023, 53 journalistes ont été tués selon l’ONG Committee to Protect Journalists (CPJ) dont 46 palestiniens, 4 israéliens et 3 libanais. Des dizaines d’autres ont été blessés. Lire la suite…

Une attaque sans précédent contre la liberté de la presse

Nous, sociétés de journalistes, associations de défense du droit à l’information, organisations et collectifs de journalistes, médias, dénonçons avec force la décision du tribunal judiciaire de Paris de faire injonction à Mediapart de ne pas publier de nouvelles révélations sur les pratiques politiques du maire de Saint-Étienne, après celles du chantage à la sextape. Cette censure préalable, décidée sans débat contradictoire, est une grave et flagrante attaque contre la liberté de la presse.

Comment une telle décision a-t-elle pu être rendue, en dehors de toute contradiction, alors qu’il existe pourtant des procédures d’urgence, qui auraient permis à Mediapart de se défendre ?Lire la suite…

Concentration des médias : nos propositions pour changer la donne

La concentration des médias menace l’exercice indépendant du métier de journaliste et restreint la liberté d’informer. C’est un enjeu majeur qui touche tous les citoyens, et dont les pouvoirs publics, garants de l’intérêt général, doivent s’emparer.

Aujourd’hui, un seul et même groupe (Vivendi) piloté par un seul et même industriel (Vincent Bolloré) contrôle (Canal+, CNews, C8, Cstar, Planète+, TeleTOON+, Infosports+…) une radio (Europe1), des journaux, (Le Journal du dimanche, Paris Match), un éditeur de jeux (Gameloft), une plateforme de vidéos (Dailymotion), des salles de spectacle (CanalOlympia), des maisons d’édition (Editis et potentiellement Hachette) ainsi que Prisma, le premier groupe français de presse magazine (Capital, Femme actuelle, Geo, Ça m’intéresse, Télé-Loisirs, Voici…)Lire la suite…

Loi « lanceurs d’alerte » : 29 organisations lancent un appel à la société civile

Chaque semaine, de nouveaux scandales apparaissent : Panama papers, Mediator, Dépakine, contaminations et fraudes alimentaires, pollutions environnementales… Derrière ces affaires, il y a des hommes et des femmes qui décident de prendre la parole pour dénoncer des dysfonctionnements et éviter des crises sanitaires, écologiques ou économiques.

Nombre d’entre eux restent anonymes. Ils sont motivés avant tout par leur éthique et leur souci de l’intérêt général. Ils constatent des faits aux conséquences graves pour notre santé, notre environnement, pour le bon fonctionnement de notre démocratie ou pour le respect de notre privée. Et ils décident d’en référer aux autorités compétentes pour y remédier.Lire la suite…

Une loi « lanceurs d’alerte » : pour quoi faire ?!

Chaque jour, de nouveaux scandales sanitaires, écologiques, politiques émergent. Derrière eux se trouvent des femmes et des hommes anonymes qui ont le courage d’exposer la vérité au prix, souvent, de sévères représailles. La loi ne les protège pas assez. Il est urgent que cela change ! En présence de lanceurs d’alerte qui témoigneront de leur parcours, plus de 20 organisations, associations et syndicats, présentent leurs propositions pour une loi ambitieuse et nécessaire.

Plus d’infos et inscription sur https://mlalerte.org/lancement

Nos libertés sont en danger ! Le 16 janvier, reprenons la marche

Depuis le 17 novembre 2020, l’opposition à la proposition de loi Sécurité globale ne cesse de se renforcer. Initiée par une coalition inédite de la société civile, elle a été rejointe et amplifiée par des centaines de milliers de manifestants, dans plus de 150 villes de France, qui ont bravé dans certains cas les violences policières et les arrestations arbitraires pour dénoncer dans la rue cette proposition de loi, et exiger notamment le retrait de ses articles 21, 22, et 24.

Ce projet porte des graves menaces à la liberté d’informer et d’être informé. Son article 24 vise à dissuader de filmer ou de photographier les interventions policières. L’importance de telles images est pourtant cruciale pour attester des cas de violences policières, comme l’actualité nous l’a rappelé ces dernières semaines :

    • Le 31 décembre 2020, les forces de l’ordre expulsent violemment un campement de personnes migrantes à Calais. En plein hiver, leurs tentes sont lacérées, afin d’être rendues inutilisables : ce sont les photos de deux journalistes qui ont permis de faire connaître cette nouvelle violation des droits fondamentaux, alors que ces pratiques sont documentées de façon quasi quotidienne par les associations.

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