Les intérêts privés avant la santé ?

L’Agence du Médicament choisit de dissimuler des informations aux patients au nom du secret des affaires.

En juin 2018, à la veille du vote de la loi sur le secret des affaires à l’Assemblée Nationale, nous interpellions le président de la République pour dénoncer le caractère nocif de ce texte porté par la majorité parlementaire.

Malheureusement, il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir le secret des affaires brandi au secours de certains intérêts privés.

Nos confrères des Jours (voir lesjours.fr) ont révélé ce jeudi 27 septembre comment un avocat défendant des patients, victimes de la nouvelle formule du médicament« Levothyrox »,  s’est vu opposer la loi sur le secret des affaires lorsqu’il a demandé une copie de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de ce médicament controversé fabriqué par Merck, un groupe pharmaceutique allemand.

Selon les Jours, l’avocat aurait fait sa demande le 23 avril dernier. Or, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) aurait attendu le 4 septembre pour lui répondre, expliquant que les informations demandées, jusque là accessibles publiquement, ne pouvaient désormais plus lui être communiquées dans leur intégralité, du fait de la nouvelle loi sur le secret des affaires.

C’est la première fois, que le secret des affaires est invoqué.

Cette atteinte au droit d’être informé ne vient pas d’un groupe privé. Elle est le fait d’une agence publique. C’est inacceptable !

Nous ne pouvons tolérer que la défense des intérêts d’une entreprise privée passe avant l’intérêt général, en l’espèce, la santé des citoyens. Le collectif INPD exige de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament qu’elle s’explique publiquement sur cette affaire et demande instamment au gouvernement de rendre publique l’intégralité des informations concernant le « Levothyrox ». Lors de l’adoption de la loi, un suivi de cette loi avait été promis par les parlementaires l’ayant adopté : mesdames et messieurs les élus, il est temps de passer des paroles aux actes !

Le bureau du collectif « Informer n’est pas un délit »