Pourquoi Informer n’est pas un délit soutient la création du CDJM

Le lundi 2 décembre se tiendra l’assemblée générale fondatrice du Conseil de Déontologie Journalistique et de Médiation (CDJM). Le collectif Informer n’est pas un délit sera présent et soutient la création d’une telle instance.

Pourquoi ?

Dans le paysage journalistique européen, la France est une anomalie. Alors que 18 pays en Europe disposent déjà de « Conseils de presse », sous diverses formes, la France en est toujours dépourvue. Et ce alors que la défiance envers la profession atteint chez nous des sommets, avec seulement 24% des Français pour nous accorder encore leur confiance.

Le CDJM sera une instance professionnelle d’autorégulation, indépendante de l’État.

Il pourra être saisi par le public ou s’auto-saisir afin de d’émettre un avis sur un acte journalistique et vérifier qu’il respecte les normes déontologiques de la profession. Le CDJM ne traitera pas de la ligne éditoriale. Il ne sera pas non plus un « Conseil de l’ordre des journalistes ». Il pourra également s’intéresser à d’autres enjeux: censures, « Brand contents », « ménages » des journalistes qui posent des problèmes de conflits d’intérêt, ou encore à la concentration des médias.

Indépendant, le CDJM sera tripartite: 1/3 des sièges sont réservés au public, 1/3 aux journalistes, 1/3 aux éditeurs de presse.

Contrairement à ce qui a été affirmé, le CDJM n’est pas une initiative gouvernementale. Depuis plusieurs années, ce projet est en réflexion, au sein de structures comme l’ODI ou encore le Syndicat national des journalistes, majoritaire dans la profession. Ce dernier, planche sur le sujet de puis 2000. Par ailleurs plusieurs rapports officiels avaient préconisé son adoption, sans que cela n’aboutisse.

Depuis le printemps dernier, le chantier a été relancé. Informer n’est pas un délit s’est associé à l’ensemble des réunions préparatoires. Notre collectif a déploré, lors de ces réunions, l’absence flagrante des sociétés de journalistes (SDJ). Il n’a eu de cesse de les y inviter, afin qu’elles fassent entendre leurs voix. INPD a organisé il y quelques mois une réunion d’information à ce sujet et invité la Secrétaire générale du Conseil belge, afin d’éclairer la profession sur la réalité et l’utilité de ce type d’organe. Là encore les SDJ ont dans leur immense majorité été absentes. A la veille de la création du CDJM, certaines SDJ ont signé un texte expliquant qu’elles refusaient de participer à un projet qu’elles qualifiaient de liberticide.

Informer n’est pas un délit considère au contraire que c’est à l’intérieur de cette entité que le débat doit se tenir et que la politique de la chaise vide sera préjudiciable à l’ensemble de notre profession. Nous adhérerons donc au CDJM et réévaluerons dans un an notre implication. Nous pourrions alors tout à fait décider de quitter l’instance si son objet devait en être altéré ou détourné.

Notre collectif a ces dernières années mené de nombreux combats contre les atteintes au droit à l’information. Au sein du CDJM, nous serons aussi vigilants que nous l’avons été lors de précédents combats. Quand il s’agissait d’alerter sur les dangers de la loi « secret des affaires » par exemple, nous avons su mobiliser et fédérer les SDJ. Nous poursuivons d’ailleurs ce combat en justice, en soutenant Le Monde (et ce aux côtés de plus de 40 organisations). Nous poursuivons, à notre niveau une action de sensibilisation des collégiens et étudiants aux enjeux de l’information.

Quelles qu’aient pu être les incompréhensions passées au sujet du projet de CDJM, nous appelons les acteurs du journalisme, en particulier les SDJ, à rejoindre ce projet.