Loi secret des affaires : la liberté de l’information doit primer !

La directive européenne sur le secret des affaires, adoptée en 2016 malgré la campagne du collectif Informer n’est pas un délit aux côtés de nombreuses associations, ONGs et citoyens, est sur le point d’être transposée en droit français via une procédure accélérée. Une proposition de loi en ce sens sera examinée lundi 27 mars en séance plénière de l’Assemblée nationale.

Le collectif Informer n’est pas un délit s’inquiète vivement de cette mise en danger des lanceurs d’alerte, des journalistes et de la révélation d’informations d’intérêt public nécessaires aux citoyens et à la vie démocratique du pays.

Dans sa définition en l’état, extrêmement large, le secret des affaires deviendrait une arme juridique contre la révélation d’informations sensibles d’intérêt public par les lanceurs d’alertes et les journalistes. Le secret des affaires doit donc être limité au strict cadre d’une concurrence économique entre entreprises. Dans le cas contraire, les citoyens seraient privés d’information sur des pans entiers de la vie économique, sociale et politique de notre pays.Lire la suite…

Affaire Luxleaks : le secret des affaires passe avant le secret des sources !

Une entreprise a-t-elle le droit d’aller faire perquisitionner chez l’un de ses salariés afin de l’empêcher de continuer à communiquer des documents d’intérêt public à un journaliste ?

Si l’on en croit le Président du Tribunal de Grande Instance de Metz, la réponse est oui :
– Oui, une entreprise peut accéder à la correspondance du salarié, y compris celle qu’il entretient avec un journaliste.
– Oui, une entreprise peut tarir la source d’un journaliste et ainsi empêcher la diffusion de documents, même si leur publication va clairement dans le sens de l’intérêt général.
– Et oui, l’entreprise peut donc faire primer le secret de ses affaires sur le secret des sources.

Ainsi le mardi 6 février 2018, le journaliste Edouard Perrin a été débouté par le TGI de Metz dans son assignation en référé contre PriceWaterhouseCoopers (PWC) Luxembourg. (lire l’ordonnanceLire la suite…

Secret des affaires: Quand Conforama fait censurer un journal

La liberté d’enquêter sur les entreprises en difficulté s’arrête aux portes des tribunaux de commerce

Peut-on encore enquêter en France sur les entreprises en difficulté ? Pour la justice française, c’est non. Le secret des affaires prévaut sur le droit de savoir. Et sur le devoir d’informer. Le tribunal de commerce de Paris vient de censurer le magazine Challenges qui avait eu le malheur de faire son travail, c’est-à-dire de révéler qu’une grande enseigne avait été placée sous mandat ad hoc, une procédure normalement confidentielle et qui permet aux entreprises craignant un dépôt de bilan d’être épaulées par un administrateur judiciaire.

Saisi en référé, le tribunal a jugé que le magazine devait retirer l’article litigieux de son site internet sous astreinte de 10 000 euros au motif non pas que cette information était fausse, mais parce qu’elle n’était pas « une question d’intérêt général ». Et ce pour la raison qu’« aucun autre support d’information écrite » ne l’avait « relayée », avalisant de fait sa « confidentialité ».Lire la suite…

Tribune

Paris, le 5 juillet 2017,

Le collectif « Informer n’est pas un délit », la rédaction d’Envoyé Spécial et la Société Des Journalistes de France 2 tiennent à exprimer leur plus profond soutien aux familles et aux proches de Véronique Robert, Bakhtiyar Haddad et Stéphan Villeneuve, tués par l’explosion d’une mine dans la vieille ville de Mossoul en Irak le 19 juin 2017.

Véronique, Bakhtiyar et Stéphan étaient tous trois de grands professionnels expérimentés. Ils sont morts en faisant leur métier alors qu’ils filmaient la guerre menée par les forces irakiennes contre le groupe terroriste Daech lors d’un tournage pour le magazine d’information Envoyé Spécial. Ils sont l’honneur de notre profession.

Chaque rédaction, chaque journaliste, sait le risque et les dangers de notre métier lorsqu’il est exercé sur les lignes de front.Lire la suite…

Liberté, Égalité, Informés

Aujourd’hui, Reporters Sans Frontières et le collectif « Informer n’est pas un délit » organisent une journée de mobilisation pour défendre la liberté de l’information en France.

Lire la tribuneLire nos propositions détaillées

Cette « journée nationale pour la liberté de l’information », propose à chaque citoyen d’interpeller les candidats sur leur engagement pour la liberté de l’information, en utilisant le hashtag #LibertéEgalitéInformés sur les réseaux sociaux et en signant la pétition en ligne sur rsf.org.Lire la suite…

Liberté, Égalité, Informés : la tribune

Par Reporters sans frontières (RSF) et le collectif « Informer n’est pas un délit »

Le chômage ? La dette publique ? La santé ? L’environnement ? L’école ? La corruption ? L’évasion fiscale ? L’Europe ? La guerre en Syrie ? Aucun de ces sujets, que la conversation publique française saisit avec plus ou moins d’intensité à la faveur de l’élection présidentielle, n’aurait de sens sans une information digne de confiance, c’est-à-dire sans une information libre et indépendante.

Problème : en 2017, la liberté d’informer, sans laquelle les démocraties ne sont que des promesses aveugles, gît une fois encore dans l’angle mort des urgences de la plupart des candidats. Cette liberté n’est pourtant pas le privilège d’une corporation, mais elle est au fondement du droit des sociétés à savoir. En un mot, c’est de vous qu’il est question. Vous qui lisez ce texte. Vous qui êtes appelés les 23 avril et 7 mai prochains à voter — ou pas. Vous qui, de gauche, de droite, du centre, d’ailleurs ou de nulle part, êtes au moment de la convocation aux urnes des citoyens dotés de convictions (ou pas), qui doivent dans tous les cas être instruits par des faits.Lire la suite…

Liberté, Égalité, Informés : les propositions

1. Lutter contre la concentration des médias et assurer la transparence de leur propriété

  • Modifier les dispositions obsolètes de la loi de 1986 sur l’audiovisuel, qui ne limite que les concentrations horizontales, et lutter contre la concentration des médias aux mains de groupes ayant des intérêts dans d’autres secteurs.
  • Assurer l’application des règles sur la transparence de la propriété de médias afin que l’obligation de révélation de l’identité des actionnaires soient respectée.
  • Mettre en place une obligation de transparence sur le bénéficiaire final de la propriété capitalistique d’un média.

2. Faire adopter une nouvelle loi sur la protection du secret des sources

  • Renforcer la protection du secret des sources des journalistes, afin que l’atteinte ne soit permise qu’à titre exceptionnel, sur autorisation d’un juge, pour ne permettre que la prévention d’une série d’infractions listées précisément.
  • Abroger les délits de recel du secret professionnel, du secret de l’enquête ou de l’instruction, et d’atteinte à l’intimité de la vie privée pour les journalistes dans l’exercice de leur activité.

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Liberté, Égalité, Informés : les participants

L’Accent Bourguignon :
Angers Mag :
ArtsHebdo
Bastamag : « Le pouvoir d’influence délirant des dix milliardaires qui possèdent la presse française »
Causette :
Cfactuel : « Quelle indépendance des médias aujourd’hui ? Entre droits des journalistes et dépendance économique »
DailyNord :
Econostrum :
Explicite :
Factuel.info
France Inter :Lire la suite…

Menaces sur la liberté de la presse

Hemicycle du Sénat
©Sénat

Les sociétés de journalistes de 24 médias s’inquiètent du projet de loi intitulé « égalité et citoyenneté », examiné par le Sénat. Les sénateurs envisagent notamment de supprimer le principe de la prescription des délits de presse, comme la diffamation.

Les sociétés des journalistes signataires font part de leur vive inquiétude à propos du projet de loi intitulé «égalité et citoyenneté» qui pourrait réduire dangereusement la liberté de la presse.

Ce texte est examiné par le Sénat depuis mardi. Il entend vider de son contenu la loi du 29 juillet 1881, sous couvert de lutter contre les abus d’Internet. Le Sénat s’apprête à remettre en cause ce texte fondateur sans concertation préalable avec les représentants des journalistes.

De quoi s’agit-il ? Les sénateurs envisagent notamment de jeter à la poubelle le principe de la prescription des délits de presse – à commencer par la diffamation – au bout de trois mois, à compter de la date de publication: sur le support Internet, ces infractions deviendraient, de fait, imprescriptibles, au même titre que les crimes contre l’humanité.

Ainsi, les contenus audiovisuels rediffusés ou disponibles conjointement en ligne (podcasts, replays, etc.), pourront être poursuivis indéfiniment, ce qui introduit une discrimination manifeste entre les médias et les supports. De même, selon le texte sénatorial, la presse en ligne, uniquement disponible sur Internet, se trouve totalement discriminée par rapport à la presse diffusée à la fois sur support papier et Internet, puisqu’elle sera, par nature, exclue de la prescription trimestrielle et soumise à un risque d’action tant que ses articles seront en ligne.

Par ailleurs, le texte prévoit de supprimer une garantie fondamentale des droits de la défense, reconnue comme telle par le Conseil constitutionnel. Aujourd’hui, c’est à celui qui s’estime diffamé ou injurié de préciser exactement par quel passage, et de qualifier le délit (injure, diffamation ou autre). S’il se trompe, son action est déclarée nulle par le tribunal. Ce système, très protecteur de la liberté de la presse, est remis en cause par le Sénat qui ouvre la voie à des poursuites judiciaires dans lesquelles le journaliste devra se défendre sans savoir exactement ce qui lui est reproché.

Enfin, les sénateurs entendent autoriser le contournement de la loi de 1881, en permettant les actions en justice sur le fondement d’une simple faute civile. Du coup, toute personne, qu’il s’agisse d’un particulier ou d’une entreprise, pourra exiger des dommages et intérêts pour un article qui lui déplaira.

Nous, sociétés des journalistes, appelons tous les titres à nous rejoindre pour se mobiliser contre ce projet de loi liberticide, qui met en péril l’un des piliers de la démocratie, consacré par le Conseil constitutionnel et la Cour européenne des droits de l’Homme.

Les SDJ des médias : Le Figaro, Le Monde, Les Échos, Libération, L’Humanité, Médiapart, Le Point, Télérama, L’Obs, TF1, France 2, BFM, Franceinfo.fr, i-Télé/Canal+, France 24, Europe 1, RTL, RFI, Capa, Premières lignes, Alternatives économiques, l’AEF, Bastamag, agence TV Presse Productions.

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